
UN HOMME DE PLUME,
JULES CLARETIE (1840-1913)


Il y a un peu plus de 100 ans – 122 ans très exactement – le FIGARO consacrait sa 1ère page à un Homme de Lettres qui venait de s’éteindre à 74 ans, le 23 Décembre 1913 : Jules CLARETIE.
Il était né en 1840 à Limoges, de parents négociants en porcelaine et, venu très jeune à Paris, il avait très vite montré un vif intérêt pour l’écriture, comme il le raconte lui-même :
« L’Abeille » mourut, mais le jeune homme continua à développer son goût littéraire et à affirmer sa vocation précoce : à 20 ans, il débuta au « Diogène », journal bi-hebdomadaire où il était chargé de la critique littéraire.
Très vite et sous des pseudonymes divers, il collabore à d’autres journaux : « La France », « La Patrie », « La Revue française », « La Presse » et à partir de 1862 « Le Figaro ».
Il faut ajouter aussi une chronique hebdomadaire qu’il tient dans « L’Illustration », à la rubrique Courrier de Paris (1865) et à partir de 1868, il écrit aussi dans « L’Indépendance belge».
En dehors de cette activité au jour le jour, il travaille avec ardeur pour réaliser son rêve : devenir un écrivain, un romancier à l’œuvre durable.



Portrait de Jules Claretie par Georges Mathurin Legé, Paris.
C’est ainsi, qu’à 23 ans il publie l’histoire d’une famille de paysans, « Pierrille », qu’il situe dans le hameau périgourdin de Ratevoul, là où habitait son grand-père.
Il est remarqué par George Sand, ce qui l’incite à poursuivre cette veine romanesque.
En quelques années, romans et nouvelles se succèdent, parfois publiés en feuilletons : « Une Drôlesse », « Les Ornières de la Vie », « les Victimes de Paris », « Le dernier baiser», romans sentimentaux aux accents mélodramatiques, comme cet essai sur une certaine « Eliza Mercoeur », jeune poétesse disparue dans la fleur de l’âge. Il met alors son talent au service des faibles, des inconnus, des « Pauvres gens » et s’inscrit dans les thèmes hugoliens. (Les Pauvres Gens 1859 et Les Misérables en 1862).
Il se passionne également pour l’Histoire, et plus particulièrement pour la période révolutionnaire, et en 1867 il va publier un premier ouvrage historique sur « Les derniers Montagnards et l’histoire de l’insurrection de Prairial, an III», œuvre nourrie d’archives qui va susciter l’admiration de l’illustre historien Michelet qui dit de lui : « un chaleureux jeune homme, bien digne de toucher aux reliques de l’Histoire ».
Parallèlement à ses recherches historiques, il est également tenté par le théâtre et un an plus tard il donne à l’Ambigu un grand drame en 5 actes « La famille des gueux » qu’il situe durant la guerre des Flandres et qui va impressionner fortement le poète romancier Théophile Gautier.​


Il écrit aussi régulièrement une critique dramatique dans le journal « L’Opinion nationale », ce qui vient s’ajouter à la liste des journaux auxquels il collabore..
Mais l’actualité de l’année 1870 va orienter son activité littéraire vers la création de plusieurs ouvrages aux titres tristement évocateurs : « La débâcle », « La France envahie », «Paris assiégé» et surtout il fait paraître dans l’Illustration une série de reportages sur la guerre franco-prussienne, dont « En campagne. Au champ de bataille de Sedan», témoignage écrit sur place le lendemain de la défaite de Sedan et publié le 10 septembre 1870, ce qui fait de lui un précurseur du reportage.
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Dans les années qui suivent, d’autres ouvrages historiques vont voir le jour, alternant Histoire et actualité: une étude sur« l’histoire de la révolution de 1870-1871 », une évocation du révolutionnaire de 89 « Camille Desmoulins, Lucile Desmoulins » et un ouvrage d’actualité « 5ans après, l’Alsace et la Lorraine ».
A tout juste 40ans, Jules Claretie a maintenant réussi à s’imposer aux directeurs de journaux par ses critiques d’art et de théâtre qu’il aime particulièrement, et il est devenu un écrivain notoire et populaire.
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Ses romans paraissent régulièrement, il y en aura une trentaine jusqu’ à sa mort en 1913. C’est dire qu’il va fournir un travail prodigieux, auquel va s’ajouter à partir de 1881 et jusqu’en 1910 une nouvelle chronique littéraire et mondaine
« La vie à Paris » dans le quotidien « Le Temps ».
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De plus, en 1882, il est nommé par le gouvernement Administrateur de la Comédie Française, fonction importante qu’il n’a pas sollicitée et qu’il pensait occuper quelques années seulement ; il y restera un quart de
siècle ! ​En dépit de journées souvent harassantes, ce fut l’occasion pour lui de tenir un journal notant au jour le jour les évènements et les célébrités de l’époque.
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Autre reconnaissance officielle de son talent : il est élu membre de l’Académie Française en 1888. Il est également président de la Société des Gens de Lettres, de la société des Auteurs Dramatiques et de la Société d’Histoire de la révolution Française. J’en passe… !
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Portrait de Jules Claretie, Emile Auguste Carolus-Duran, 1874,
Musée des Beaux-Arts de Lille


Entretemps, il est devenu propriétaire à Viroflay de la villa «Les Ormes» située rue de la Saussaie, (aujourd’hui rue Gabriel Péri)comme en témoigne l’en- tête de nombreux courriers qui sont aux Archives de la bibliothèque de La Comédie Française.
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Il va agrandir cette maison, la transformer et la décorer de céramiques, très en vogue à l’époque, pour venir s’y reposer de la vie parisienne. Il y passera tous les étés durant une trentaine d’années, en en faisant même une sorte d’annexe de La Comédie Française puisque il y recevait auteurs et comédiens pour les lectures et les répétitions de pièces destinées à être jouées.
Son intérêt pour notre commune s’est concrétisé d’ailleurs en 1883 dans une « Histoire de Viroflay » figurant dans la préface du « Ménage d’Hubert », écrite avec Charles Edmond et signée sous le nom commun de Jules Tibyl.
Il faudra encore ajouter à son actif d’adapter un de ses romans «La cigarette »pour écrire le livret d’un épisode lyrique en deux actes de Jules Massenet : « La Navarraise » créé en 1894, à Londres, au Covent Garden.
La liste de ses œuvres n’est pas close avec cet infatigable curieux de tout, « des livres, des hommes et des choses », comme il le dit lui-même.
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Toute sa vie il a professé l’amour des lettres avec passion sur des sujets qui ont enthousiasmé le public de la belle Epoque : le banquet du centenaire de Hernani et des 78 ans de Victor Hugo, une rencontre avec Sarah Bernhard ou encore une préface pour le best seller « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur », pour ne citer que ces quelques écrits parmi les centaines d’autres…

Entracte d'une première à la Comédie-Française, Édouard Joseph Dantan, 1885, Musée Carnavalet
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